1 – Louons maintenant les grands hommes…

lange 5

Commençons par une prière. Au fond, Agee avait raison. On devrait toujours commencer par une prière.

« Louons maintenant les grands hommes et nos pères qui nous ont engendrés. La gloire du Seigneur s’est accomplie en eux de par son immense pouvoir, dès les commencements.

Il en est parmi eux qui ont laissé un nom après eux afin que soient rapportées leurs louanges.

Et il y en a dont le souvenir ne s’est pas perpétué, qui périrent comme s’ils n’avaient jamais été, et sont devenus comme s’ils n’étaient jamais nés, et leurs enfants après eux.

Mais ceux-là étaient des hommes miséricordieux dont la vertu n’est pas tombée en oubli. Leur semence perdure, celle de leurs enfants en leur honneur.

Leurs corps sont ensevelis en paix, mais leur nom vivra dans les temps des temps »

Amen…

2 – Prions encore…

« Les religieuses nous ont appris qu’il y avait deux chemins pour traverser la vie : le chemin de la nature et le chemin de la grâce.

La grâce ne cherche pas sa satisfaction. Elle accepte d’être ignorée, oubliée, rejetée. Elle accepte les insultes et les coups.

La nature, elle, ne pense qu’à sa satisfaction, et à convaincre les autres d’y œuvrer aussi. Elle aime les traiter avec arrogance et imposer sa volonté. Elle trouve des raisons d’être malheureuse quand le monde rayonne tout autour d’elle et que l’amour sourit à travers toute chose.

Les religieuses nous ont appris qu’aucun de ceux qui suivent le chemin de la grâce ne connaîtraient le malheur »

Merci à toi, Terrence…

3 – Encore un peu…

« La lumière dans cette pièce est d’une lampe. Sa flamme dans le verre a la délicatesse – sèche, silencieuse, famélique – des extrémités tardives de la nuit. Une délicatesse d’un silence et d’une paix si ultimes et si saints que tout sur terre (…) y semble suspendu à la perfection, comme sur le miroir des eaux.

La lampe est de verre, de métal léger et doré, avec un abat-jour d’étoffe pesante. Le verre a été coulé dans un moule (…) qui a donné leur forme au pied et au réservoir, lesquels sont d’une pièce. Le verre est épais et lisse, avec des miroitements de glace.

Le verre du globe, épais aussi ; il s’agit du réservoir d’huile à brûler dont j’aperçois la ligne argentée presque à mi-hauteur, son niveau légèrement de biais, la base n’étant pas tout à fait d’aplomb et l’axe faussé.

(And now, ladies and gentlemen, l’huile…)

Cette huile n’est pas du tout oléagineuse, mais donne une impression d’émacié et de friable comme la rouille, et néanmoins de tranchant. Frottée entre le pouce et l’index, elle épure le grain de la peau et aiguise le toucher, et lui donne le coupant d’une pièce de monnaie neuve, ou encore fait penser à la pointe roussâtre d’un sein redressée sous l’action du froid ».

Merci infiniment à toi, Agee…